Attaque au sommet ➫ pv Emyr

Une attaque. Il y avait eut une attaque dans le Colisée. Les habitants de Suryana hurlaient, couraient dans tous les sens et parlant d'un assassinat. Tyren qui revenait du marché en tenant un panier de nourriture sous le bras et croquant une pomme de l'autre main, s'arrêta au beau milieu de la foule en les écoutant tous. Il y avait une excitation chez certains et la panique chez d'autres, qui le poussa à froncer les sourcils.

Une attaque? Un assassinat? Évidemment, n'étant pas au Colisée, il n'était guère au courant, mais lorsque Suna s'approcha de lui en s'arrêtant près de son oreille afin de lui offrir plus de détail, le jeune homme ouvrit grand les yeux et laissa tomber son panier de nourriture ainsi que sa pomme avant de courir vers le palais.

Une Déesse avait été assassinée sous les yeux des spectateurs et sous le regard incrédule des autres Dieux. Tyren sentit son coeur faire trois tour dans sa poitrine. Un dieu ... Il était réellement possible de mettre un terme à la vie d'un dieu ? C'était une information intéressante, vraiment. Par contre, pour l'heure ce qui l'intéressait vraiment était de connaitre l'état de son dieu. Est-ce qu'Emyr avait subit une blessure ? Était-il toujours vivant ? Pour beaucoup, cela pourrait être vue comme de l'inquiétude pour un homme qu'on chérit, mais la vérité était tellement autre.

Il sautait sur les murets, courait sur les toits des maisons, grimpait les murs à main nue pour finalement atteindre la plus haute des fenêtres du palais, les sourcils froncés et le corps en sueur. S'il y avait bien un lieu où les gardes amènerait le Dieu, c'était dans ses quartiers et donc, dans la chambre principale et ça, Tyren le savait que trop bien. Ainsi donc, lorsqu'il pénétra dans la pièce, il se calma en voyant le Dieu présent, visiblement il n'y était pas depuis longtemps.

⇀ Dis donc, tu es plutôt calme pour un dieu qui viens de perdre sa soeur. Dit-il en observant celui-ci, le souffle cours et le corps en sueur. Ça va ?

Le monde entier était en deuil, les populations murmurant sur leur passage, l'ambiance générale bercée par l'odeur du sang et la saveur de la traîtrise. Emyr savourait plus que quiconque le goût de cette victoire s'il pouvait considérer que c'en était une. Il n'était pas complètement stupide et était, bien entendu, totalement conscient qu'il pourrait être le prochain à se faire exécuter sur la place publique, mais cela n'avait jamais vraiment été source d'inquiétude pour ce dieu fou.
Fou dans sa manière d'aborder les problèmes, les dangers et les situations ; il aimait tout ce que les autres détestaient et s'avérait être, sans nul doute, le dieu le plus imprévisible et difficile à saisir dans son intégralité. Il pouvait parler d'une chose et prétendre l'apprécier pour finalement déclarer mépriser cette même chose.

Une fois dans ses quartiers, Emyr s'arrêta près de sa table de chevet et tira le tiroir du bas à la recherche d'un objet. C'est seulement lorsque ses gardes refermèrent les grandes portes de ses appartements qu'il perçu la voix reconnaissable entre milles de Tyren. Celui-ci mit en perspective une pensée que tous avaient eu en voyant Emyr parader dans les rues de la ville, flanqué de ses glorieux, sans exprimer la moindre tristesse ni la moindre colère.
« On ne peut mieux. » répondit-il lorsque le garde lui demanda si ça allait.
Emyr se redressa de toute sa fine taille et tourna la tête vers lui en l'observant de haut en bas. Puis, amusé, il se permit d'ajouter : « As-tu vraiment escaladé le palais dans le simple but de venir vérifier mon état ? Je suis flatté. » Il referma le tiroir de sa table basse en reculant contre celui-ci, les mains désormais posées sur le meuble en bois ouvragé.

L'inverse aurait été surprenant, pensa Tyren lorsque son Dieu lui répondit qu'il allait 'on ne peut mieux'. La mort de Diana, Déesse de la nature, sonnait comme une tragédie. Les créatures auraient du mal à s'en remettre, même le désert changeait depuis que celle-ci s'était éteinte. Un vent soufflait sa tristesse contre les dunes et les tempêtes de sables se faisaient plus nombreux loin de la cité. Tyren y voyait une grande perte, alors que son Dieu y voyait une jouissance malsaine.
Mais pour Ren, ce n'était ni surprenant, ni dérangeant. Il savait que son Dieu était fou. Il savait qu'Emyr n'avait ni compassion, ni empathie pour les être l'entourant, alors c'est avec un sourire qui semblait complice, qu'il rétorqua ;

⇀ Et je suis certain que la première chose qui t'ai venu à l'esprit fut que cela en faisant une de moins.

Oui, il le connaissait.
Depuis trois ans les deux hommes se côtoyaient et cela avait suffit au jeune homme pour comprendre le fonctionnement de ce dieu remplit de vice.

En quoi la mort de sa soeur, serait une perte grave? Emyr n'était pas ainsi. Alors Tyren changea finalement de sujet ou plutôt, Emyr le fit en semblant faussement flatté, ce qui poussa de nouveau Ren à sourire et voir même rire.

⇀ Quoi, faut bien que je garde mon corps d'adonis pour que tu sois toujours excité par moi.

Et de toute façon, il n'aimait pas prendre les grandes portes, c'était beaucoup trop formelle et l'idée d'appartenir à ce monde, ne lui plaisait toujours pas.
Il s'approcha finalement de son dieu et s'arrêta à quelques centimètres, ne le quittant pas des yeux, son sourire charmeur sur le visage.

⇀ Alors, comment te sens-tu face à tout ça?

C'était tout de même ironique.
Il avait parfaitement deviné ce qu'Emyr avait pensé lorsque l'assassinat avait eu lieu. Pour tout dire, le dieu trouva la remarque assez amusante, s'assoyant lentement sur son lit afin de s'y reposer. Il replaça vaguement les coussins qui s'accumulaient derrière lui afin d'être installé plus confortablement et leva les mains en l'air comme s'il n'avait d'autre choix que d'admettre être un connard égocentrique.

« Il faut bien l'admettre... Nous commençons à nous marcher sur les pieds depuis quelques années déjà. Au départ, j'avais la nette impression d'être le seul à rechercher l'ambition, mais je constate que d'autres entreprennent le même chemin. » Il esquissa une moue pensive et se contenta ensuite de jouer avec l'une de ses imposantes boucles d'oreilles, jetant un coup d'oeil relativement détendu sur son interlocuteur.

Celui-ci évoqua son corps d'Adonis et s'approcha de sorte à lui demander comment il se sentait face à tout cela. Étant donné que Tyren était à son chevet alors Emyr se positionna sur les genoux afin d'être un peu plus haut et pencha la tête vers l'arrière, observant le glorieux attentivement.

« Je me sens impatient ... impatient de connaître la suite. » admit-il sans détour, sans gêne. Il tendit ses doigts fins et les déposa délicatement contre les joues du jeune homme, un petit sourire au coin des lèvres. « La nation toute entière est en panique et le monde tremble de la même peur. Hadès a toujours eu ce côté ... » Il réfléchit sur le terme exact à employer, détournant le regard, visiblement pensif. « Théâtral. » Par paresse, il relâcha le visage du glorieux et se laissa tomber sur le dos dans la pile de coussins aux diverses couleurs. Il passa une main dans sa tignasse pâle avec désinvolture et conclut : « Je me demande si je suis le prochain sur sa liste ... »
Cette pensée lui fit écarquiller les yeux de façon très spontanée. Il semblait agité d'une certaine fébrilité à l'idée de se faire pourchasser par le dieu des enfers.

C'était une drôle de vision.
Le monde d'Elwood était vaste à ce qu'il paraissait, alors d'entendre Emyr dire qu'ils se marchaient tous sur les pieds, alors qu'ils n'étaient que cinq - maintenant quatre - dieux, cela avait quelque chose de paradoxale. Évidemment, le jeune homme ne démontra rien de plus qu'un sourire et une expression amusé sur le visage. Après tout, même si Emyr était le gros égocentrique qu'on connaissait, parfois les paroles de celui-ci avait une touche marrante, voir enfantine.

Ce dieu n'avait rien d'Erwan. Ce dieu n'avait rien de Nevaeh. Emyr puait la débauche et les vices, comme si ce dieu avait été créer pour offrir aux hommes avide de pouvoir - et oui - d'être à la tête du trône. Du monde même.
Et ce n'était peu dire.

Tyren croisa les bras derrière la tête en cherchant encore son souffle un moment, puis haussa un sourcil en abordant une certaine moue déconfit.

⇀ Moi qui pensait que tu serais le plus ambitieux. Maintenant qu'Hadès vient de faire son apparition, je me demande si c'est pas avec lui que je devrais forniquer. Demanda-t-il en l'air, donnant cette impression d'être songeur durant un moment.

Il posa son regard sur Emyr qui s'approchait en étant sur les genoux et lorsque cette main se posa contre sa joue, un frisson lui traversa le corps. Pour beaucoup, cela aurait pu être interprêter comme du désire et un profond sentiment de plaisir, mais la vérité était tellement autre.
Connaitre la suite ? Tyren eut un petit sourire en décroisant les bras et venant effleurer les poignets de son dieu du bout des doigts.

⇀ La suite sera probablement aussi imprévisible qu'aujourd'hui. Si ce n'était plus, pensa-t-il.

Puis le dieu s'éloigna en se laissant tomber contre les coussins. Tyren s'approcha du lit et posa un genou contre celui-ci afin de venir le rejoindre en se retrouvant au-dessus d'Emyr, les mains de chaque côté de son visage alors que ses genoux reposait eux, de chaque côté des hanches.
Pour être théâtral, oui, Hadès avait été magistral même, un maître dans la tragédie romaine. Le roux observa de nouveau son dieu et haussa un sourcil en se penchant vers le visage pâle et d'une expression parfois dégoutté, parfois excité par les mauvais sentiments.

⇀ Hadès aurait trop à perdre s'il venait prendre le seul dieu capable d'être un allié pour lui ...

Après tout, quoi de mieux qu'un dieu dévorant l'avarice et les vices pour détruire encore plus le monde tel qu'il était ? Et si c'était le cas, Tyren allait devoir mettre les bouchées doubles pour que son plan soit une réussite.

⇀ Qu'est-ce que tu m'excites quand tu es fébriles comme ça. Dit-il en venant lui prendre les lèvres d'une façon plus sauvage que tendre.

Emyr n'avait pas encore eu le temps de réfléchir à ce qui les attendait : allaient-ils voir d'autres personnes être surprises par la mort ? Non. Le dieu se mit à penser à ce que son frère pouvait avoir l'intention de faire et il lui sembla inapproprié que quiconque se retrouve à nouveau dans une telle situation. Il pensait plutôt qu'ils assisteraient au calme avant la tempête.

« En effet. » rétorqua-t-il lorsque le jeune homme à la tignasse rouge lui fit remarquer qu'il ne serait pas très malin pour Hadès de se mettre Emyr à dos. Toutefois, bien que le dieu sache que son frère approuvait ses méthodes ou, en tout cas, sa manière de percevoir les humains, il n'était pas assez naïf pour croire que son frère était prêt à l'impliquer dans ses affaires.

Il avait bien trop à perdre.

Tyren profita de sa position pour venir au-dessus de lui et prendre ses lèvres dans un baiser sauvage. Emyr émit à peine un gémissement de surprise avant de lier sa langue à la sienne un bref instant. Puis, il le repoussa, les mains posées contre le torse du garde et l'observa droit dans les yeux, l'air un peu plus sérieux.

« Que ferais-tu si je finissais transpercé par une lance divine ? »
Il souleva à peine le genou pour l'appuyer contre l'intérieur des cuisses du glorieux, l'expression tout à fait concentrée sur l'échange de regard quoi qu'il en soit.

Les mains contre son torse, Tyren se recula en observant son Dieu avec une certaine curiosité. C'était rare qu'il le repoussait de la sorte, normalement Emyr appréciait le fait d'être désiré, alors s'il le faisait c'était probablement pour une bonne raison. Heureusement, Tyren était un garçon curieux et qui ne prenait pas personnel le fait d'être repoussé de la sorte.

Sauf que lorsque la question tomba, Ren en demeura un moment perplexe. Que ferait-il? Alors là, probablement une fête ou quelque chose de beaucoup plus grandiose, mais ce n'était ni la bonne réponse, ni même le moment pour dire une telle chose. Il le regarda droit dans les yeux et sembla un moment pensif.

⇀ Qu'est-ce que tu voudrais que je fasse? Face à Hadès, je ne crois pas être à la hauteur et tu sais que je ne suis pas le genre de mec qui pleure la mort d'une personne.

Il eut un petit sourire en coin.

⇀ Pour que ça me touche au point de chialer, il faudrait que tu comptes réellement beaucoup pour moi, mais tu vois ...Il y a aussi cette fille dans la cité, elle est plutôt canon...

C'était faux, il n'existait pas de fille dans la cité qui lui faisait de l'effet, mais ça...

Emyr l'observa très attentivement comme s'il scrutait la moindre de ses réactions. Il l'écouta parler de ce qu'il ressentait ━ ou ne ressentait pas ━ concernant la mort des gens et haussa le sourcil quand Tyren évoqua une quelconque fille de la cité pour laquelle il aurait un intérêt tout aussi quelconque. « Ne te moque pas de moi. Personne ne possède une beauté aussi enivrante que la mienne dans cette cité ... »
N'importe qui aurait dit cela avec une once de moquerie, mais Emyr était très sérieux dans ce qu'il affirmait. Après tout, ne s'était-il pas assuré lui-même de faire disparaître toutes les personnes susceptibles de lui faire de l'ombre ? Son égoïsme ne semblait souffrir d'aucune limite.

Il se contenta de remonter ses mains contre le torse de Tyren et lui agrippa les épaules. Puis, tranquillement, il approcha son visage du sien afin de lui prendre la lèvre inférieure dans un baiser volage, parcourant ensuite sa mâchoire de ses lèvres, lui mordillant la peau pour finalement le relâcher à nouveau. « J'ai du travail pour toi ... » déclara-t-il finalement avec lassitude.
Il se retourna, désormais allongé sur le ventre, et ouvrit à nouveau le tiroir pour en extirper une missive qu'il ne prit pas le temps d'ouvrir. Il la lui tendit avec un calme épatant. « Je voudrais que tu te rendes à la Citadelle et que tu donnes ce message en main propre à Nevaeh ou à quelqu'un de sa garde royale. »
Difficile de savoir quel était le contenu de cette lettre, par ailleurs. Emyr n'avait aucune intention de se lancer dans des détails inutiles, de toute façon.

Le sérieux dont il faisait preuve en disant une telle chose, poussa Tyren à sourire. C'était ce qu'il faisait lorsqu'un commentaire d'Emyr lui déplaisait. Étrange, me direz-vous, mais c'était la seule façon qu'il avait trouvé pour ne pas lui tordre le cou ou encore lui enfoncer sa main dans la poitrine pour le tuer.
Mais il y avait du vrai dans ce qu'il disait. Les jolies filles se faisaient maintenant rare dans la cité et ce n'était pas une surprise ... D'autant plus que ses soeurs avaient été séparer de lui justement pour raison de beauté supérieur à celle du dieu.

Tyren garda le silence, mais accepta le baiser de son Dieu, lui rendant avec autant de fougue et de brusquerie que celui-ci. Il ne cessa que lorsqu'il le repoussa de nouveau et se retourna pour prendre quelque chose dans l'un des tiroirs du bureau.

Il en profita pour lui masser le postérieur allègrement puis s'arrêta en prenant la missive entre les mains.

⇀ Que je comprenne. Tu m'éloignes de toi, pour faire le hibou envers ta soeur.... Un petit sourire en coin s'anima sur son visage alors que son regard brillant se posa sur Emyr.

⇀ La citadelle, hein. C'est pas là-bas qu'il y a les plus belles filles du monde... D'ailleurs, ta nièce y sera, n'est-ce pas?

Il se redressa sans attendre puis enfonça la missive dans la poche de son pantalon ample, tournant la tête vers son Dieu.

⇀ D'accord. J'accepte cette mission.

Emyr se contenta d'un bref soupir lorsque Tyren évalua la situation d'une manière bien précise : il considérait que celui-ci tentait de l'écarter pour lui faire jouer le rôle de pigeon voyageur. En un sens, ce n'était pas faux, mais c'était aussi une question de précaution. « Tu fais partie des rares personnes en qui j'ai suffisamment confiance pour mener à bien cette mission. » expliqua-t-il en se posant sur le rebord du lit avec la grâce qu'on lui attribuait de façon générale.

Tyren évoqua encore une fois les plus belles filles du monde en paraissant très fier de sa provocation et, à la fois, excité à l'idée de rencontrer ces donzelles aux airs de statues grecques. « Ne te laisse pas tenter. Ça me décevrait beaucoup. » admit-il en tentant de garder la même expression d'un calme olympien. Toutefois, son expression se fissura quelque peur, et ses yeux lançaient des éclairs alors qu'il le regardait toujours. Tyren rangea la missive dans la poche de son pantalon et lui répondit finalement qu'il acceptait la périlleuse mission.

« Très bien. » répondit-il un peu sèchement.
Puis, par simple mécontentement, il écourta l'entretient tel un enfant méprisant un autre d'avoir obtenu un jouet tant convoité à sa place. « Tu peux disposer. » Il se leva et commença à retirer ses vêtements puisqu'il avait l'intention d'aller prendre un bain.

Et voilà que le dieu boudait.
C'était toujours satisfaisant pour Tyren de voir qu'il avait une certaine emprise sur celui-ci. Rare était les personnes capable d'être aussi proche et capable surtout d'ouvrir une brèche dans l'âme de cet être immonde, alors qu'il en soit rendu aussi loin... C'était excitant.

N'empêche, Tyren eut un petit sourire en coin et s'approcha de son Dieu en lui passant la main contre la nuque et l'attirant brusquement vers lui.

⇀ Ne me boude pas. Lâcha-t-il d'une voix beaucoup plus sérieuse. En ce moment, son regard fut sauvage et remplit de désire. Humectant ses lèvres, il lui offrit un baiser langoureux avant de rompre celui-ci en lui donnant une claque sur la fesse droite.

⇀ Tu me bouderas lorsque je vais revenir, pas avant.

Le pied sur le rebord de la fenêtre, il tourna la tête vers Emyr et le regarda une dernière fois avant de finalement disparaître dans la noirceur qui s'installait sur la cité. Le voyage jusqu'à la citadelle ne serait pas facile et prendrait du temps, mais il le ferait comme promis, simplement pour prouver encore une fois à Emyr, qu'il était le seul sur qui il pouvait réellement compter....
Ou pas.

Fugace baiser, mots prononcés avec l'irrévérence qu'on lui connaissait bien, et un dernier regard pour la silhouette se jetant de la fenêtre pour jouer les alpinistes sur les rebords du palais. Emyr continua de fixer longuement les hautes fenêtres par lesquelles Tyren s'était engouffré et serra contre lui ce tissu mince qui lui servait de peignoir.

Il finit par l'enfiler, déposant le vêtement contre ses épaules sans en nouer les cordes, son buste taillé au couteau d'un blanc pratiquement immaculé. Il appuya ses doigts contre ce mystérieux rubis planté au beau milieu de sa poitrine comme une image étrange de son propre coeur.

Une lueur écarlate brillait pratiquement toujours contre ce joyau, reflétant les visages et les paysages qui se déclinaient devant le souverain, sans jamais vraiment imiter aussi bien les battements d'un véritable coeur. Était-il capable d'aimer ? Était-il seulement capable de compatir ou d'être assaillit de regrets, par exemple ? Le dieu se contenta de remonter sa main au niveau de sa gorge, appuyant dessus en paraissant perdu dans ses pensées. Puis, saisissant une dague sous son oreiller, il se dirigea vers la salle de bain afin de s'y reposer.

Si le garde revenait un jour de ce voyage alors peut-être commencerait-il à considérer sa confiance comme fondée au lieu de se questionner sur ses propres faiblesses qu'il tentait vainement de dissimuler.