[ Event #2 ] Les Fondements du Sang

C'était dans la matinée lorsque le carosse royal quitta la Citadelle pour se rendre en direction du Désert Rouge. Les quelques gardes qui accompagnaient la déesse étaient soit installés à l'intérieur du carosse ou encore montés à cheval dans une symétrie parfaite autour du véhicule bien protégé. Le voyage qui les mena jusqu'à Suryana fut assez long et surtout pénible en raison de la chaleur et de ce sable interminable qui mettait à mal les roues du carosse. Bien qu'ils aient songé à d'autres manières d'arriver dans la capitale du sable, Nevaeh avait demandé à ce que cela soit fait dans les règles les plus anciennes. Elle savait qu'Emyr appréciait ces traditions et qu'il verrait cela d'un bon oeil : de ce fait, ce qui était bon pour Emyr l'était aussi pour Elwood. La sagesse et la maturité de Nevaeh faisait d'elle quelqu'un qui ne ressentait aucune difficulté à se mettre à la place d'autrui ou, du moins, à ressentir de la compassion et de la curiosité pour ceux qui croisaient sa route. Beaucoup murmurèrent dans son dos qu'elle était naïve d'avoir accepté l'invitation de son frère après ce qui s'était passé sous son toit. L'eau avait coulé sous les ponts et Diana était disparue depuis un mois quand le carosse royal foula enfin le sol de la cité de Suryana. Celle-ci étincelait toujours par son apparence luxueuse et son ambiance animée : les citoyens étaient là, un peu partout dans les rues, curieux face à la procession qui avançait tant bien que mal sur le sol terreux de la ville.

Nevaeh s'approcha de la fenêtre, jetant un coup d'oeil aux citoyens qui étaient là et qui ne la quittait pas des yeux : oh, certains semblaient très heureux de la voir ici alors que d'autres ne manifestaient qu'un silencieux mépris à l'égard de la déesse. Elle savait ce qui motivait cette haine : ces pauvres gens, obligés de travailler comme des esclaves, de vivre dans des taudits et de satisfaire les moindres exigences d'Emyr avaient sans doute l'impression que Nevaeh les avait abandonné à leur triste sort. Combien étaient-ils à songer que tout aurait été bien différent s'ils avaient eu la chance de vivre dans l'harmonieuse citadelle loin de ces paysages arides ? Elle détourna le regard, se réinstallant sur son siège et jeta un dernier coup d'oeil à la façon dont elle était vêtue. Encore une fois, elle était habillée de vêtements du désert : de longs tissus légers d'un bleu de ciel qui rendaient la beauté de son visage encore plus inoubliable. Le carosse finit par s'arrêter devant le palais du dieu du pouvoir. Nevaeh pouvait encore entendre les exclamations du peuple : les gens s'étaient rassemblés de chaque côté de la rue et les glorieux, ces soldats de l'armée d'Emyr, s'étaient disposés de chaque côté du trottoir armés de lances et de piques. Il était impossible pour un citoyen ordinaire de passer de l'autre côté et de rejoindre la route. Nevaeh laissa l'un de ses gardes lui ouvrir la porte et descendit les quelques marches qui la séparait de ce long tapis menant au palais royal. Elle ferma les yeux, un bref instant, car les rayons du soleil de l'après-midi venaient de lui frapper la rétine avec force. Puis, le regard posé sur l'escalier devant elle, elle vit son frère qui l'attendait flanqué de deux gardes.

Elle l'observa, le visage impavide, un long moment avant de longer la distance qui la séparait de cet homme au corps de jeune premier. C'était la première fois depuis fort longtemps qu'une déesse venait dîner chez un dieu et que cela se faisait dans la pure tradition de leurs ancêtres. Nevaeh se souvenait de la façon dont ils étaient traités alors qu'ils venaient de bâtir ce monde : les dieux étaient admirés, craints et aimés à la fois. Maintenant, de leur gloire d'antan il ne restait plus qu'un amer sentiment de déception et de vieux souvenirs dont personne ne parlait vraiment. La déesse se fichait bien de la renommée, mais elle savait qu'Emyr regrettait régulièrement cette époque révolue. Elle s'arrêta devant lui et, avec toute la grâce dont elle était capable, lui tendit la main. « Mon cher frère ... »

[ HS : Merci de ne pas répondre dans ce sujet. Des instructions suivront la réponse d'Emyr. ]

Tyren avait mit un certain temps avant de revenir : assez longtemps pour qu'il ait le loisir de manquer à Emyr. Et quand il revint avec la réponse de Nevaeh alors le dieu du pouvoir ressentit une certaine forme de satisfaction. Elle acceptait, malgré les nombreux événements passés, le manque cruel de confiance qu'elle devait avoir en lui et en son pays. Elle acceptait sans doute au détriment de l'opinion catégorique de ses plus intimes conseillers : elle allait venir le voir, lui, au sein de sa propre ville entre les murs de son propre palais et ils dîneraient ensemble. Emyr mit une journée entière à se remettre de cette exaltation et lorsque, enfin, il daigna ouvrir les préparatifs, il fut confiant face à la façon dont leur petite rencontre se déroulerait. Beaucoup d'artisans de la cité furent mis à contribution afin de rendre cette visite des plus agréables : Emyr était un homme, un dieu, d'une grande extravagance et il souhaitait que sa cité déborde de cette sensation de prestige pour l'arrivée de sa soeur. Il déploya nombre de chefs pour concocter de bons plats et ordonna à bien des femmes et des hommes de travailler jour et nuit pour que, lorsque Nevaeh débarquerait, tout soit absolument parfait.

Ce n'est qu'à l'instant où le soleil était au zénith que la déesse de la sagesse arriva enfin devant le palais. Emyr se sentit particulièrement transcendant quand il entendit la foule scander les louanges de Nevaeh et, à la fois, d'autres cracher leur mépris pour cette même jeune femme aux airs de bécasse inutile. Oui, bien entendu, Emyr ne ressentait pour sa soeur que de la haine voire même de la pitié : même quand elle n'était qu'une enfant, un simple rêve, une création de leur père le néant, Emyr ne pouvait s'empêcher d'être jaloux d'elle et de l'admiration qu'elle inspirait à ceux qui croisaient sa route. Tous n'avaient que de l'affection pour la façon dont elle se comportait : la déesse Nevaeh si généreuse, si douce, si compréhensive, si résiliente et sincère, sans jamais rien d'autre à dire que des mots sages et calmes. Pourtant, de tous les dieux, elle était sans doute ━ au regard d'Emyr, du moins ━ la plus hypocrite. Ses machinations pour devenir celle dont tous se souviennent n'étaient pas passées inaperçues au regard d'Emyr. Nevaeh, la charitable déesse avait légué ses dons aux pauvres et futiles humains, partageant avec eux son savoir et sa puissance magique. Son tempérament miséricordieux et son désir de former une unité avec ses serviteurs rendait Emyr malade de jalousie : n'était-ce pas là un simple instrument de dominance ? Qui pourrait bien se dresser contre elle maintenant que le monde entier lui devait éternellement leur propre existence ?

Oui, Nevaeh avançait vers lui avec la grâce et la beauté d'une reine, son beau visage taillé dans la porcelaine n'exprimant que la plus profonde des neutralités. Ils se détestaient l'un l'autre comme la lune fuit le soleil : elle n'avait aucune envie d'être là, bien que quiconque la regardait n'aurait sans doute pu le deviner et lui mourrait d'envie de la voir honteusement s'agenouiller à ses pieds. Nevaeh lui tendit la main. Emyr esquissa un sourire bien calculé et prit cette main afin d'y déposer un chaste et court baiser. « Ma chère soeur, quel ravissement que tu aies pu venir aujourd'hui ... » Il s'était incliné avec élégance et attirait désormais Nevaeh à ses côtés sur ce pallier d'où tous pouvaient à leur guise les contempler : « Je vous remercie, mes chers amis, d'être venus en si grand nombre pour assister à cette rencontre historique entre ma soeur et moi. Je sais que, comme nous deux ... » Il saisit le poignet de Nevaeh avec une force étonnante, la regardant avec un sourire galant qui, pourtant, dégageait quelque chose de terrifiant. « ... Vous ressentez une grande peine de ce qui s'est passé lors du tournoi. Mais c'est du passé, je vous l'assure ! Et c'est pourquoi j'ai décidé d'organiser cette rencontre. Je veux que vous sachiez que votre roi est toujours là, fort et inébranlable et qu'aucun autre dieu ne pourra jamais ... » Il resserra les doigts contre le poignet de Nevaeh. « Jamais. Me destituer de mon rôle de souverain. Suryana est Puissance ! »
Parmi la foule, nombre de gens répétèrent cette devise d'un ton fier et admiratif, mais d'autres parurent inquiets.

Emyr relâcha sa soeur d'un geste impatient et se retourna vers le garde le plus proche afin de lui murmurer à l'oreille : « Assurez-vous que tous rentrent chez eux sans débordements... et nettoyez-moi ces rues. Je n'en peux plus de respirer cette odeur humaine fétide. » D'un air important, il fit signe à Nevaeh de monter avec elle les quelques marches qui menaient à la porte d'entrée du palais. La déesse devait sans doute le suivre ━ toujours accompagnée de sa garde rapprochée constituée des éléments les plus prometteurs du royaume de la citadelle.

... Mais avant qu'aucun dieu ne puisse franchir les portes du palais le sol se mit à trembler et le ciel fut, tout à coup, couvert d'épais nuages sombres qui ressemblaient à ceux qui précédaient un orage particulièrement violent. La foule, déjà bousculée de part et d'autres par les glorieux prêts à mettre un terme au rassemblement, se mit à rugir davantage lorsque le mur d'enceinte de la cité de Suryana fut défoncé par l'arrivée impromptue d'une bête immense et inattendue. La pierre fendue s'écroula sur les maisons et dans les rues dans un éboulement ravageur : la poussière et le sable mêlant hommes, femmes, enfants, touristes, animaux et soldats les uns aux autres tandis que, de la gueule immense de cette créature, des flammes infernales jaillissaient nombreuses et incandescentes. L'immense dragon aux écailles couleur charbon enfonça ses lourdes pattes dans la terre et secoua son large cou en frappant tout ce qui se trouvait sur son passage. Il battait des ailes, renversant les bâtiments et les gens comme s'ils n'étaient que des pantins désarticulés. Les flammes qui avaient jailli de la gueule du dragon brûlèrent une boutique à l'entrée de Suryana. Il était clair que le feu ne tarderait pas à se propager, mais quelque chose de plus grave encore était en train de se produire.

Le dragon n'avait pas percuté par hasard la forteresse : il avait ouvert la voie à de nombreuses autres créatures qui, grognant et soufflant, frappaient le sol de leurs talons et envahissaient la ville dans un tonnerre qui ferait pâlir de jalousie le dieu des orages en personne. Emyr exprima un étonnement qu'il peina à dissimuler et se pressa contre ses gardes comme si ceux-ci pouvaient l'empêcher de faire face à cet immense monstre de légende. « Maître, quels sont les ordres ? » cria l'un des glorieux, prêt au combat, et c'est seulement à cet instant qu'Emyr réalisa que tous s'appuyaient sur lui pour diriger les opérations. Le dieu du pouvoir se passa alors une main revêche dans les cheveux et, d'un sourire étrange, prononça des mots qui résonnèrent dans toute la ville avec la puissance que l'on attendait d'une divinité : « Protégez Suryana. Protégez-la au péril de vos vies ... ou mourrez avec elle ! »

[ HS : Alors. Comment ça fonctionne ? Vous pouvez ouvrir un sujet ([ EVENT ] DANS LE TITRE, SVP) ou vous impliquer dans un sujet libre comme cela vous chante. C'est le staff qui enverra des PNJ et ces PNJ vous feront affronter toute sorte de bestioles. Pas le droit de vous battre si le PNJ n'est pas passé dans votre RP. Ok ? Le but est de les abattre et, d'en même temps, survivre à l'attaque. Personne ne sait pourquoi ni comment ce dragon est apparu et d'où proviennent ces créatures. Une seule chose est sûre : c'est que tout le monde est en grand danger. C'est le moment de nous montrer un côté de votre personnage qu'il n'a pas l'occasion souvent de démontrer : dans la confusion et face à la mort comment votre personnage réagira-t-il ? Choisira-t-il la facilité ou la solidarité ? Allez, à vous de jouer ! Que l'event commence ! ]