[ event #2 ] quand le devoir t'appelle ━ pv asmodée

Ryan faisait partie de ces personnes qui ne voyaient pas du tout d'un bon oeil l'idée de voyager jusqu'ici en cortège pour la déesse. Il considérait Emyr comme quelqu'un en qui l'on ne pouvait avoir confiance. Mais c'était son boulot de jouer les gros bras alors, dans un silence exemplaire, il monta à cheval et traversa le désert avec ses compagnons d'armes. Ce n'est qu'une fois arrivé en ville qu'il baissa un peu sa garde : la foule rassemblée paraissait, à première vue, festive et même le dieu Emyr semblait ravi de les accueillir. Toutefois, bien qu'il sente qu'il pouvait mieux respirer, un doute continuait de subsister en lui et de rendre ses mouvements moins aisés. Quand ils se furent immobilisés devant le palais et que Nevaeh eut quitté le carrosse, Ryan descendit de sa monture et suivit la déesse dans l'escalier qui menait à un palier où se tenait le roi du désert.

Celui-ci, bien qu'il paraisse si séduisant et sympathique, avait la violence au fond du regard. Ryan savait reconnaître un être malfaisant quand il en croisait un et ne croyait pas en ce ravissement qu'Emyr singeait sur les visages innocents de ses sujets. Ryan s'arrêta lorsque la déesse fit de même et s'écarta pour laisser les dieux bien en vue. Il se raidit à quelques reprises, tendu par le moindre geste, alerte aux moindres signes. Si bien que, lorsqu'il sentit une vibration sur le sol, son premier geste fut de saisir le bras d'Artemis pour le prévenir. Juste au moment où il tendait le bras, le mur éclata et le dragon se dévoila à eux.

Ryan entendit des hurlements et tourna la tête vers le carrosse. Quelques-uns des chevaux avaient pris la fuite sous la terreur et de nombreux véhicules s'étaient renversés sous la panique. Bien qu'il ait pour rôle de protéger la déesse, Ryan su tout de suite qu'il ne pouvait pas rester les bras croisés sans rien faire. Il descendit quatre à quatre le grand escalier et rejoignit la rue bondée. Il se retourna, regarda à gauche et à droite, emprunta une rue qui paraissait plus visible que les autres et se perdit dans les méandres de la cité, loin de son camarade, mais pas moins en danger. Les villageois qui se heurtaient aux murs et qui hurlaient leur effroi n'hésitaient pas à le bousculer lorsqu'ils le croisaient. Tout le monde était en panique et lui, bouche-bée, ne savait plus du tout où il se trouvait. Que faire dans les circonstances ? Il fallait sauver un maximum de gens ...

Ryan se retourna vivement, prêt à rebrousser chemin et à rejoindre le tumulte, mais il n'avait pas sentit une présence derrière lui et frappa de plein fouet une silhouette lui faisant face en lâchant un juron de pur étonnement.

Dans un second soupire, Asmodée posa son menton dans la paume de sa main, ne quittant pas du regard ce carrosse renfermant la déesse de la sagesse. Il était convenue que celle-ci passe la soirée en présence de son frère, le dieu du pouvoir. Personne ne connaissaient les réelles raisons de ce repas familial, mais pour Asmodée, il y avait une chose de certaine et c'était qu'il en avait strictement rien à foutre. Même si l'ambiance de la capitale battait son plein, que les femmes de joies s'excitaient à l'idée de voir autant de chevalier et que les patrons d'hotel et de casino bavaient à l'idée de voir autant de tourriste, lui, observait le tout dans un troisième soupire profond.

Emyr respirait le respect, mais le dégoût également. Asmo' pouvait voir certains habitants qui crachaient au sol en piétinant le tout et d'autres qui versaient des larmes face à ce dieu 'si bon' et 'si généreux'. Un rire cynique s'échappa de ses lèvres malgré lui, alors qu'il levait les yeux vers le ciel. Ils étaient tous aveugles et c'était ce qui causerait leurs pertes. Il écoutait d'une oreille distraite les paroles vide d'Emyr et son regard se posa finalement sur deux gardes bien précis. Le premier était nulle autre qu'Artemis, le fils du prince des damnées. Le second, il ne le connaissait pas, mais ce doutait bien qu'il avait une grande importance, puisqu'il était là, avec la déesse et le prince des enfers.

C'est à ce moment qu'il redressa le corps en semblant y voir un peu plus d'intérêt à cette rencontre. Hélas, son intérêt ne fut que de courte durer, puisqu'il sentit des vibrations sous son postérieur, assez pour tourner la tête et voir le mur exploser en morceau, projetant de la roche ici et là. De sa baguette unique, il se protégea et fronça les sourcils en observant ce magnifique dragon qui venait de foutre en l'air une cérémonie qui se voulait ... paix et amour.

Douce ironie. Pensa le jeune homme en posant finalement le pied gauche sur le sol, suivit du deuxième. Dans la mesure de la situation, Asmodée ne réalisa pas tout de suite que le cohue et la foule s'énervaient en courant dans tous les sens et ne réalisa pas non plus la présence de ce garde qu'il avait observer quelques minutes plus tôt. C'est surement pour cette raison qu'ils se percutèrent de la sorte et qu'il manqua tomber sur le cul. Agile, il retrouva son équilibre en posant un regard sombre sur le jeune homme.
Rouge contre Rouge ... Asmodée plissa les yeux et eut un petit sourire en coin.

› Doucement sexy boy. Ce serait dommage que tu blesses un habitant de Suryana en prenant la fuite.

Ryan soutint le regard de ce type qui se tenait face à lui. Hors de tout doute, c'était un habitant de la ville. Il se dégageait de lui quelque chose d'exotique et d'envoûtant à la fois. Le garde n'avait jamais ressentit quoi que ce soit de semblable à parler avec quelqu'un. Il ne réalisa que leur échange de regard s'était éternisé qu'au moment où le jeune homme s'adressa à lui en lui faisant remarquer qu'il ne serait pas judicieux de blesser un habitant de l'endroit en tentant de s'enfuir. Aussitôt, le garde se braqua, ne semblant pas apprécier les mots employés par celui qui se tenait devant lui.

« Je ne fuyais pas. » répondit-il avec une certaine raideur. Il était plus grand que lui et surtout plus large d'épaules, mais contrairement aux autres personnes qu'il avait croisé dans sa vie, ce mystérieux personnage n'avait pas moins de prestance. « Je suis là pour protéger les gens. Mais si tu fais partie des habitants de cette cité alors tu devrais aller te réfugier. Je pense que les gardes ont décidé de rassembler leurs troupes à la sortie de la ville. » Il fronça les sourcils, regardant en direction de ce qu'il pensait être la sortie de la ville. Mais, en réalité, il se trompait. D'ailleurs, ne pouvant dissimuler plus longtemps son incertitude, Ryan finit par s'adresser à nouveau à son interlocuteur.

« ... Si, par contre, tu sais te battre. Accepterais-tu de me ramener sur le Chemin du Dôme ? Je pense qu'ils ont besoin de moi là-bas. »
Il tenta de conserver une certaine stature, d'avoir l'air désinvolte de celui qui sait parfaitement ce qu'il fait, mais son regard avait quelque chose qui trahissait tout le reste. Il fallait dire que Ryan n'avait jamais été doué pour mentir ni pour tromper les gens. Il était bien trop honnête pour cela.

Asmodée ne le quitta pas des yeux, trouvant ce chevalier assez intéressant pour diverses raisons. Il y avait en lui, une pureté si frappante, qu'il eut beaucoup de mal à ne pas grimacer à sa vue. En fait, un mélange d'admiration, de dégoûts et d'envie traversait le regard d'Asmodée et lorsqu'il sentait ce type d'agacement au plus profond de son être, il avait cette habitude de mordre l'intérieur de sa joue du côté droit. Qui était ce garçon ?

Bien entendu, Asmo n'était pas idiot, il savait d'où il venait et en quoi consistait son travail. Après tout, il l'avait aperçut près de la déesse quelques minutes plus tôt, mais la véritable question était : qui était-il, lui. Que ressentait-il ? Quel était les émotions qui lui traversait le corps et le coeur. Est-ce que ce garçon avait un coeur plus pure que le sien ? Certainement et se fut assez pour qu'il se mordille maintenant la lèvre inférieur en serrant sa baguette dans sa main.

Il y avait une jalousie qui commençait à naître au fond e lui et son regard ne se détacha que lorsque celui de Ryan se tourna vers l'emplacement qu'il pensait être la sortie de la ville. Asmodée en rigola un moment puis leva les yeux vers le ciel. Ce garçon ...

Dans un soupire, il haussa les épaules en levant le bras qui tenait sa baguette et la tourna dans sa main, l'air décontracté.

› Ahla ahla. Je sais combattre, mais j'ignore si j'en ai réellement envie.

Il admit cela sans problème, posant de nouveau son regard sur le jeune homme. Même revêtu de son habit de combat, il était possible de voir le corps musclé de cet homme et Asmodée s'en déclecta.

› En ce moment, je t'avoue que tu me donnes envie de faire beaucoup d'autres choses, que de combattre des zombies venant de l'enfer et un dragon. Dit-il en haussant les épaules. Mais, comme je sens que tu es plutôt du type qui combat et baise ensuite, autant te montrer le chemin.

Un petit sourire apparut sur le visage d'Asmodée alors qu'il lui saisit l'index et le majeur et l'attira vers le bon chemin. Il marchait devant lui en suivant les hurlements et les pleures, ne s'arrêtant qu'une fois qu'ils furent devant la réalité du désastre qui avait lieu sous leur yeux.
Asmodée se tenait debout sur le corps d'un garde d'Emyr décédé suite à un combat surement épineux. Maintenant de la même taille que Ryan, grâce à ce corps, il l'observa droit dans les yeux sans éprouver le moindre remord de ce tenir là, où il se tenait.

› C'est bien ici que tu voulais venir ?

Ryan sembla pratiquement choqué quand il entendit le jeune homme lui répondre qu'il savait combattre, mais qu'il ne savait pas s'il en avait envie. Dans une situation pareille, comment quelqu'un pouvait-il hésiter ? Ryan avait la conviction que, quand on a des capacités, il faut les utiliser pour aider ceux qui ne peuvent le faire eux-mêmes. C'était de cette dévotion que Ryan tirait toute sa vérité. Il accepta toutefois de l'écouter même si le regard de ce type sur lui le déconcentrait légèrement : il n'arrivait pas à savoir ce à quoi il pensait et cela rendait leur échange particulièrement bizarre.

Bien entendu, son interlocuteur ne tarda pas à lui exprimer ses envies et à conclure qu'il accepterait de lui venir en aide, au final. Ryan laissa ses doigts dans la main de cet étranger et le suivit dans la rue, regardant autour de lui en étant envahi d'une sensation d'injustice si puissante qu'elle faisait battre son coeur davantage. Comment une paix durable avait pu être ainsi bafouée en si peu de temps ?

La question du jeune homme le ramena subitement à lui. « Euh ... oui. » répondit-il en posant le regard sur le cadavre de ce glorieux qui avait sans doute combattu pour protéger la ville et ses habitants au péril de sa propre vie. Ryan retira sa main de la sienne avec une certaine brusquerie et se contenta de lui prendre le bras pour le faire descendre. « Ne lui marche pas dessus comme si ce n'était rien. » lui dit-il, l'attirant près de lui, prononçant ces mots avec une certaine sévérité. Il lui tenait toujours le poignet quand il ajouta : « Merci de m'avoir ramené. »
Alors qu'il comptait repartir, une présence attira son regard, l'obligeant à laisser de côté son guide pour une rare fois ━ il réalisa alors que l'un des villageois qu'il avait vu tout à l'heure scander la devise de la cité se retrouvait devant eux. Ryan n'eut pas besoin de bien réfléchir pour comprendre qu'il était mort, mais qu'il se tenait tout de même debout, sa peau devenue verdâtre et couverte des blessures et des brûlures qu'on lui avait infligée. Le zombie les observa un instant avant de tendre les bras. Il voulait certainement les dévorer.

« Tu ne comptes toujours pas te battre ? » demanda-t-il en fronçant les sourcils, mettant tout de même une distance entre lui et le villageois ressuscité.

Cette vertu, elle puait autour de ce garçon. Asmodée serra les dents en réalisant qu'il ne serait jamais aussi bon que celui-ci, ni que tous ceux qui combattaient en ce moment les monstres qui venaient des profondeurs des abysses. Ils étaient tous là, médiocre à vouloir comprendre le pourquoi du comment, alors que la réponse était tellement simple ; la colère, la haine, le pouvoir et la puissance. Voilà ce qui dominait le monde depuis maintenant des années. Même si la sagesse se bornait à croire l'inverse, même si le courage prétendait être assez force pour vaincre les ombres des ténèbres. Le pouvoir et les enfers trouveraient toujours le chemin vers les plus vertueux et ferait son oeuvre de destruction ...

Les hommes n'étaient rien de moins que des jouets pour les hommes tels que Emyr et Hadès, pas étonnant que le désert rouge soit toujours la cible d'attaque de prédilection d'Hadès. À croire qu'il existait un pacte entre le roi de ce royaume et celui des enfers.

Cette pensée vint mourir lorsqu'il entendit la voix de Ryan lui sommer de ne pas se tenir debout sur ce cadavre. Asmodée sembla offusqué un moment, le regardant de nouveau droit dans les yeux.

› Pourquoi, il est mort.

Qu'est-ce que cela changeait qu'il soit debout sur son cadavre ou à côté, piétinant son sang ? Encore une fois, il ressentit cette pointe de colère et de haine au fond de lui. Ryan le méprisait et il le voyait dans son regard, ce qui lui donna cette envie de vomir. Il le remercia, mais ce n'était aucunement ressentit.

› Ne me remercie pas si la seule envie que tu as, c'est de me voir mort à la place de cet homme. Dit-il en pointant le soldat. Il eut un rire cynique et éteint. Tu ne le penses même pas, alors tes remerciements, garde les pour quelqu'un qui les mériteras vraiment à tes yeux.

Là-dessus, il tourna les talons en observant finalement ce mort-vivant qui venait de se remettre debout. Asmodée sembla un instant surprit avant de pencher lentement la tête vers la droite. Son coeur fit un bond dans sa poitrine et son regard, d'un rouge sang, brilla d'avantage. Il entendit les paroles de Ryan et tourna la tête vers lui.

› Pourquoi donc ? Si je me bat, je le tue, alors que si je reste là et qu'il me tue. Tu en seras heureux.

Et pour le prouver, il fit un pas vers le mort vivant, observant celui-ci attentivement.

Ryan sembla particulièrement interloqué par les paroles de ce jeune homme lorsqu'il lui fit remarquer qu'à son avis le garde royal préférait le voir mort à la place de celui qui était étendu sur le sol. « De quoi parles-tu ? Je ne veux pas ta mort. » Il eut l'impression que le jeune homme se faisait des idées sur son opinion. D'ailleurs, il ne tarda pas à confirmer ce doute en tentant de marcher en direction du zombie de sorte à se laisser attaquer.

« À quoi tu joues ?! » s'exclama Ryan en perdant patience. Il le rattrapa en lui saisissant le bras et tenta, de ce fait, de l'empêcher de faire un pas de plus en direction du mort-vivant qui, lui, n'avait pas ralenti la cadence. « Je ne te connais pas. Je ne peux pas te haïr. » lui confia-t-il avec honnêteté. Il fixa le monstre devant eux et ajouta avec un certain calme : « Navré si je t'ai donné cette impression. La vérité, c'est que je m'inquiète pour mes amis et je veux juste en finir au plus vite avec tout ça. » Il soupira brièvement. « J'aurais préféré que tout se passe bien, mais je savais que les choses tourneraient comme ça. » C'était inévitable, après tout.
Ils étaient en guerre contre l'invisible.

« Quel est ton nom ? » demanda-t-il en se plaçant juste devant lui, ne lui dévoilant que son dos alors que le garde se présentait à son adversaire avec une grande maîtrise de ses émotions. « Moi c'est Ryan. Si je survis à ça, tu pourras peut-être me faire visiter la ville. » Il eut un petit sourire en coin, conscient de l'absurdité de sa réplique étant donné les circonstances, et se contenta ensuite d'extirper de sa ceinture une épée dont la lame semblait aussi tranchante qu'un rasoir. « Retournes d'où tu viens. » adressa-t-il au zombie en fonçant vers lui. Tout à coup, la lame pris une teinte blanchâtre comme si elle était empreinte de lumière, prête à s'enfoncer dans la chair du cou de ce monstre pour lui trancher la tête et le renvoyer d'où on l'avait chassé.

Était-ce possible de ne pas haïr ce que nous ne connaissons pas ? Asmodée resta un moment interdit suite à cette remarque. Il ne connaissait pas grand chose de la vie et pourtant, sa haine était tellement puissante au fond de lui, qu'il ne comprenait pas comment cela pouvait être possible. Évidemment, l'idée qu'il se faisait de lui-même devint plus forte. Alors que certains venaient au monde dans l'amour et l'harmonie d'une famille... Lui, n'avait rien connu de tout ceci et était probablement venu au monde dans un tourbillon de vice et de haine.

Cela l'énerva encore plus et son envie d'être atteint par le mort vivant, lui saisit le coeur et alluma une excitation puissante en lui. Et s'il venait à mourir, quel héritage et souvenir laisserait-il derrière lui ? Possiblement rien. Qui réclamerait son corps ou le chercherait dans les décombres? Personne. C'était si évident, qu'il en éclata de rire.
Ce rire qui s'arrêta net lorsque Ryan le retint au niveau du bras en lui faisait savoir qu'il ne voulait en aucun cas, lui donner cette impression. Tient donc.

En toute honnêteté, il s'en faisait pour ses amis. Comme c'était mignon.

› J'aimerais compatir à cette inquiétude, mais ne l'ayant jamais ressentit, je ne saurais pas comment réagir. Avoua-t-il avec une flegme puissante et une indifférence presque insolante.

Ce que l'ont ne connait pas, ne nous manque pas. N'est-ce pas ? Les amis, la famille, l'amour, le réconfort. Bref, la moitié des émotions humaines positive, lui faisait gravement défaut. Et même quand Ryan sembla vouloir être aimable en lui demandant son prénom et en se présentant, tout en poursuivant sur sa lancé jusqu'à lui demander d'être son guide, Asmodée y trouva là une douce ironie.

› Une ville à moitié détruire par les monstres ? Je ne crois pas avoir grand chose à te faire visiter à la suite de cette attaque. Hadès semble plutôt déterminé à rendre Suryana à l'état de néant.

Il haussa les épaules et recula finalement en voyant cet épée et surtout cette lame qui brillait maintenant alors qu'il décapitait, tout bonnement et si facilement, le mort vivant en face d'eux. Voilà qui était intéressant ...
Asmodée pencha de nouveau la tête vers la droite en regardant Ryan et prononça finalement.

› Asmodée. Voilà la seule chose que tu dois retenir de moi et maintenant que tu as terminé ton boulot ici, je crois que nous n'avons plus rien à faire ensemble.

C'était à la fois frustrant et dommage que cette rencontre soit aussi brève, mais rien dans sa vie n'était agréable et de longue duré.

Ryan exécuta à merveille son travail, sans en ressentir la moindre satisfaction ou la moindre fierté et rangea tout simplement son arme avec une dextérité très précise. Il y avait une façon de bouger calculée qu'il fallait respecter lorsqu'on faisait l'usage d'un katana et Ryan honorait cette tradition. Le jeune homme évoqua une ville détruite et un quelconque triomphe d'Hadès. « Les villes se reconstruisent tant qu'il y a des gens pour y vivre. Hadès, qui pourtant incarne la mort, ne semble pas comprendre la partie essentielle de l'existence. » Pour lui, cet être était une fatalité, un passage qu'ils allaient tous devoir emprunter, et le fait qu'il décide de se mêler de ce qui ne le regardait pas lui paraissait tellement puéril.

« On mourra tous un jour. »
Il se contenta de le regarder alors que le jeune homme se présentait. À voir sa dégaine, il semblait clair que celui-ci n'était pas intéressé par sa personne et se fichait éperdument de tout ce qui se passait ici. Pour tout dire, maintenant qu'il avait analysé tout cela, Ryan voyait en cet Asmodée une chose bien précise. « C'est peut-être vrai que beaucoup de gens vivent sans amour et ça, pour moi, c'est une injustice bien pire que la mort. »
En prononçant ces mots, il pensait à Artemis qui était venu ici sans connaître le bonheur et qui avait goûté la cette flamme inextinguible qu'était la vie humaine. « Ravi de t'avoir rencontré, Asmodée. » conclut-il, détendu, avant de se remettre en route. Ses bottes écrasant les décombres sous ses pieds dans un bruit caractéristique.

Il comptait poursuivre le combat quoi que cela lui en coûte. Cependant, avant de partir, il s'arrêta et tourna la tête vers le jeune homme, lui adressant un dernier regard. « Si tu le peux, ne choisis pas la mort. C'est trop facile. Et quand c'est facile ... c'est ennuyeux. »
Ryan songea à Cassidy. C'est exactement ce qu'elle avait toujours pensé de lui depuis le premier jour et la raison pour laquelle, selon elle, il était célibataire depuis si longtemps.
Sur ce, il reprit sa route, faisant craquer ses jointures et évitant, de temps à autres, les passants qui allaient chercher refuge à la sortie de la ville.