[ event #2 ] calme avant la tempête ━ pv

Après son départ, Ryan s'était tout de suite jeté dans la mêlée. Il avait croisé beaucoup de ses camarades en train d'affronter toute sorte de créatures et s'était rendu à l'évidence que sa présence en tant que combattant n'était pas la solution. Il fallait que quelqu'un gère les troupes en train d'évacuer les habitants de la ville : Ryan se mit alors à la tête du groupe de sauvetage en soulevant toute sorte d'objets lourds pour dénicher les victimes sous les décombres. Il transporta des personnes blessées et, avec l'aide de Calvin, les transporta jusqu'à l'extérieur de la ville. Là-bas, on avait élaboré un campement de fortune et les blessés étaient actuellement soignés par les médecins de la cité qui ne savaient plus où donner de la tête.

Bientôt, le bruit des combats s’atténua et, avec lui, la présence des adversaires dans la ville. Ryan, comme tout le monde, entendit les mots prononcés par Hadès qui leur accordait un peu de temps pour se remettre. Quelle ironie : c'était comme s'il leur donnait la « permission » de mourir en paix. Ryan jeta un coup d'oeil aux autres gardes avec lui et afficha un regard des plus ironiques. Puis, il se pencha pour alimenter un peu plus le feu de camp qu'il avait démarré afin de faire cuire des saucisses pour une famille qui était venue se réfugier avec eux. Il s'assit ensuite et commença à griller les saucisses sur la braise, l'air perdu dans ses pensées.

Il vit, du coin de l'oeil, certains de ses camarades revenir en un morceau et ressentit un soulagement tout particulier lorsque Esteban et Jamshid revinrent accompagnés de cette fille de la section scientifique. Il ne savait pas où se trouvait Cassidy et encore moins Artemis, mais il se faisait moins de souci pour eux qu'ils savaient avoir une meilleure sagesse quant à leurs chances de survie. Ryan se redressa après avoir tendu les grillades à la petite famille qui le remercièrent avec emphase et se mit à marcher entre les diverses tentes plantées dans le sable, l'air plus sérieux que jamais.

Il y avait tellement de mort, tellement de sang, c'était à croire que la fin du monde pointait le bout de son nez. Entre les grondements du Dragon au loin et les hurlements des habitants de Suryana qui cherchaient un abri, il y avait de quoi croire qu'aucun ne survivraient à cette 'guerre', car c'était ce que déclarait Hadès.
Lorsque celui-ci parla dans leur subconscient, Asmodée haussa un sourcil. Il était à côté d'une enfant qui hurlait à la démense, croyant qu'on lui jouait un mauvais tour. Elle devait n'avoir que quatorze ans et elle entendait pour la toute première fois, cette voix rauque et traînante qui annonçait une heure de paix, avant que la guerre ne recommence.

Elle faisait pitié, mais Asmodée n'allait surement pas lui venir en aide. Il avait autre chose à faire, mais la main qui se posa sur son avant-bras et le regard remplit de larme qui se posait sur lui, poussa le jeune homme à revoir la situation. Dans un soupire, il tourna les pieds, ceux-ci nu contre le sable chaud du désert. Dans un geste lasse, il la saisit par le poignet et l'amena vers ce camp de fortune. Là-bas, le désespoir y puait et la peur également. Dans une grimace, il poussa la gamine vers d'autres soldats, celle-ci le remercia sans faire de cas du comportement d'Asmo et le garçon grimaça en haussant les épaules.

Être sympa, alors que personne ne l'avait jamais été avec lui, même dans les pires moments de sa vie, le rendait amer. Pourquoi devrait-il être attentif alors que jamais personne ne s'était soucier de savoir comment lui, il allait. Les mains dans les poches de son pantalon sombre ample, il reprit sa marche en observant les gens présent, croisant le regard de ce garçon aux cheveux blonds et dont l'âme cohabitait avec un démon.
Intéressant, pensa Asmodée en le suivant du regard, assez pour que le blond le remarque et le fixe à son tour. Un sourire en coin naquis et il reprit son chemin en voyant plus loin ce garçon aux cheveux clair et qui avait abattu un mort-vivant si facilement. Asmo' lévita jusqu'à lui et posa le pied droit contre le sable, puis le second en prenant finalement parole.

› Qu'avez-vous fait à Hadès pour qu'il soit autant en colère contre vous, les humains?

Ryan arpentait le campement du regard et venait tout juste de ranger les mains dans les poches de son pantalon militaire noir et ample lorsqu'il perçu, à nouveau, la voix d'Asmodée. Pour tout dire, il ne pensait pas recroiser cette personne un jour vu la façon dont elle percevait la situation. Ryan était pratiquement sûr que, après leur discussion, le plus petit des deux s'était décidé à quitter le désert pour aller se réfugier quelque part. Mais il se tenait là, lévitant pour mieux se poser devant lui et lui demander ce qu'ils pouvaient bien avoir fait à Hadès pour le mettre dans un état pareil.

Quelle question.
« Pourquoi devrions-nous être les personnes qui ont fait quelque chose de mal ? » lança-t-il avec une certaine frustration pour l'horrible situation que ces gens étaient en train de vivre. De simples innocents arrachés à leurs familles, leurs amis, leurs amants, ne sachant plus où aller ni sur qui compter alors que leur maison avait été détruite et leur monde réduit à l'état de poussière. « Ce monstre n'a aucune raison d'agir comme il le fait. »
Il était catégorique là-dessus. Aucun humain n'avait à prendre le blâme.

« Je ne pensais pas te revoir. » ajouta-t-il d'un air plus calme. Il n'était pas en colère contre Asmodée, mais bien envers ce qui était en train de se produire autour d'eux. L'évidence était bien là : la guerre faisait des dégâts irréversibles.

Question stupide.
Asmodée observa Ryan un long moment puisque celui-ci répondait avec une autre question. Pourquoi est-ce qu'ils seraient les coupables? Bien entendu, Asmodée se contenta d'un sourire énigmatique et haussa les épaules. Pourquoi ne le seraient-ils pas? Cependant, ils ne feraient que tourner en rond s'il répondait de nouveau avec une question. Ainsi donc, le jeune homme s'étira paresseusement, tel un chat qui se réveille d'un sommeil parfait, puis posa son regard sur le garçon en face de lui.

Ce monstre.

› C'est un dieu.

Corrigea Asmodée en l'écoutant de nouveau, puis sembla pensif en observant l'endroit avec beaucoup d'attention. Il savait, que sur ce terrain de combat, il y avait une personne que le dieu de la mort méprisait plus que tout au monde, n'importe qui le savait s'il faisait attention à l'histoire des dieux.

› Je pense que si. Les gens là. Dit-il en pointant du menton les habitants qui subissaient. Ils souffrent par dommage collatéraux. Ce ne sont que les victimes du réel coupable. Si Hadès est autant en colère contre vous, les humains. Tu ne crois pas que c'est parce que vous lui avez pris ce qu'il avait de plus cher à ses yeux ?

Il laissa sa question en suspend un moment puis croisa les bras derrière la tête.

› Hadès est en colère, parce que vous lui avez pris son héritier.

Rien de plus, rien de moins.
En tout cas, c'était là, une réponse des plus logique et différente du 'c'est un monstre et il fait tout ceci par pure plaisir'. Non. Dans chaque plaisir, ce cache une réelle profondeur et raison, pour le dieu de la mort, qui de mieux que les humains pour subir sa colère face à la trahison que lui a fait subir son unique fils.

Asmodée reporta son attention sur Ryan lorsqu'il lui fit savoir qu'il ne pensait pas le revoir et le garçon soupira avec lassitude.

› Je pensais partir, quand cette gamine m'a accoster en me demandant de l'aide. Ça m'a fait chier, mais bon. Tu es déçu de me revoir ?

Asmodée le corrigea lorsqu'il qualifia Hadès de monstre. Il ne voyait pas d'autre terme pour décrire les choses tout à fait obscènes qu'il avait perpétré. D'autant que le terme de « dieu » lui paraissait trop élogieux, empreint d'une gloire honorable qui ne correspondait pas aux gestes perpétrés par cette personne depuis qu'elle avait décidé de mettre les pieds sur terre. Apparemment, le jeune homme à la longue tignasse sombre avait une vision très précise de ce qu'Hadès voulait et des raisons qui le poussaient à s'en prendre à ces gens. Il voulait punir ceux qui lui avaient ravi son héritier ? Ryan écarquilla les yeux, frappé par l'égoïsme profond du geste, la futilité de la situation.

« C'est à lui qu'il devrait s'en prendre. Il n'a pas su garder auprès de lui son fils. Et de simples humains ont réussi là où il a échoué. » Il eut un bref sourire, visiblement assez fier de la façon dont Artemis s'était retourné contre son père. Cela lui avait permis, à lui, de rencontrer une personne extraordinaire qui était désormais son plus proche ami et comme un frère pour lui. « Qu'en avons-nous à faire de ses "sentiments" de dieu. A-t-il seulement déjà versé une larme pour qui que ce soit ? Je n'en crois pas un mot. »

Il reprit sa route, se retrouvant plus près d'Asmodée qu'il ne l'était déjà, l'écoutant parler de son sauvetage et lui demander s'il était déçu de le revoir. Ryan hocha la tête. « Non, je suis plutôt content. » Il soutint son regard un bref instant. « Tu n'es pas la personne malveillante que je pensais que tu étais. » Bien sûr, il percevait une profonde noirceur en Asmodée, mais quelque chose d'autre aussi. Il y avait quelque chose d'autre qui penchait dans la balance et qui lui rappelait son ex. Ces êtres qui, séduits par le mal, auront toujours besoin d'une main tendue pour ne pas sombrer. « Tu as faim ? » suggéra-t-il, inopinément, lui tendant l'une de ses mains couvertes d'égratignures.

Asmodée commençait à perdre patience. Cette façon si vertueuse de voir les choses, lui donnait envie de foutre un bon coup de poing dans la gueule de Ryan. Après tous, seuls les gens qui n'avaient jamais réellement souffert, pouvait avoir un discours aussi rose et merveilleux. Lorsque la souffrance nous prenait le coeur, la seule chose qu'on avait envie de créer autour de soit, c'était la désolation. Quand la haine et la colère devenait aussi noir qu'une nuit sans lune, l'idée de voir des gens souffrir autour de nous, était la seule manière de faire pour être apaisé.

Ryan ne comprenait rien et ne comprendrait surement jamais, ce sentiment de vide et de néant qui engouffre les gens comme lui. Les gens comme Hadès, mais dans un sens.

› Il est le dieu de la mort. Semer le chaos et la mort autour de lui, c'est son rôle principale. Comme le dieu du courage, qui envois le courage aux braves ou la déesse de la sagesse qui poussent les hommes à de meilleures réflexions.

Bref, Asmodée cessa finalement son discours sur les gestes portés par le Dieu de la mort et fronça dangereusement les sourcils aux dires de Ryan. Il n'était pas la personne malveillante qu'il pensait qu'il était. Ha ha ha. Asmodée le dépassa en repoussant violemment la main que venait de lui tendre ce chevalier.

› Je ne suis pas une bonne personne. J'avais simplement pas envie de me salir les mains avec son sang médiocre et qu'elle tache mes vêtements si je l'égorgeais. Avoua-t-il en marchant toujours, la tête haute.

Bien sûr, l'idée de mettre un terme à une vie, n'était pas un problème pour Asmodée. Mais cette gamine ne méritait pas la mort pour autant et franchement, que Ryan l'ai comprit, l'agaça beaucoup.

› Je présume que tu retourneras combattre, lorsque l'heure sera écoulé.

Asmo' tourna faiblement son corps et son regard sur Ryan, plissant les yeux.

Il est vrai que chaque dieu avait son rôle. Mais Ryan était tout de même persuadé qu'il y avait d'autres moyens d'être celui qui prend la vie sans se servir de ce même pouvoir afin de réaliser des desseins égoïstes. Ryan avait toujours vu la mort comme impartiale : ne faisant aucune différence entre le bon et le méchant, tenant son rôle comme un job qu'il faut appliquer sans se prémunir de préférences. En tout cas, Asmodée ne tarda pas à repousser sa main, lui faisant savoir qu'il n'avait pas envie de se salir les mains et que c'était l'unique raison de son sauvetage. Pour tout dire, Ryan n'en fit pas de cas, le suivant plutôt du regard afin de l'entendre présumer de ce qu'il ferait de son temps une fois l'heure écoulée.

« Je remplacerai des camarades blessés. Oui, sûrement. »
Il se fit la réflexion en même temps qu'il y répondait. De nombreux gardes avaient tout donné lors du premier round, si l'on pouvait le nommer ainsi, et Ryan était toujours en pleine forme. Il pourrait sans doute agir là où les autres ne pouvaient plus et servir à quelque chose. « Pourquoi ? » lança-t-il, ne quittant pas du regard son interlocuteur, se demandant en quoi cela pouvait bien l'intéresser.

« Tu veux te joindre à moi ? » suggéra-t-il avec un petit sourire.

Être valeureux et brave. Avoir des convictions et un désire profond de défendre la vie d’autrui. Les gardes Royaux, les guerriers et les glorieux avaient une belle façon de protéger les habitants, mais ce souciaient-ils seulement de leurs proches? Est-ce qu'une minute, l'un d'eux c'était arrêter et s'était dit "si je meurs en défendant veuves et orphelins, je laisserais derrière ma femme et mon fils, qui deviendront eux-mêmes veuve et orphelin". Asmodée détourna le regard en semblant mépriser cette façon débile de voir les choses. En réalité, tout ce qui le ramenait à l'amour et la solitude, lui donnait cette envie de détruire tout autour de lui.

Est-ce que ses parents avaient été des glorieux qui ont péris au combat ? Est-ce qu'ils avaient, égoïstement fait le choix de sauver la vie des autres, plutôt que d'être avec leur enfant ? Il serra les poings fortement et son regard devint beaucoup plus sombre. Cette idée lui serrait le coeur. Ce même coeur qu'il cherchait continuellement à éteindre.

Ce joindre à lui ?
Ironiquement, Asmodée le regard attentivement et soupira de façon flegmatique.

› Ce n'était pas dans mon intention, de prendre partie lors de cette guerre. Il laissa sa phrase en suspend puis détourna le regard en observant le soleil qui déclinait dans le ciel. Mais je suis surement le seul ici, qui n'aura personne pour pleurer ma mort. Alors pourquoi pas.

Il n'avait rien à perdre et encore moins rien à gagner.

Ryan sembla curieux lorsqu'il lui confia qu'il serait sans doute l'un des seuls à n'avoir personne qui l'attendait à la maison. Il réduisit à nouveau la distance entre-eux, les mains au fond des poches, et s'appuya contre l'un de ces poteaux qui tenaient les tentes bien en hauteur. « Que veux-tu dire par là ? »

Pour tout dire, Ryan ne s'attendait pas à ce que le jeune homme ait vraiment l'intention de lui confier ce genre de choses. Mais comme ils étaient là, côte-à-côte, et que le soldat avait la vive impression d'avoir marqué l'esprit d'Asmodée, il s'était dit que ━ peut-être ━ il aurait droit à ses confidences.

Des enfants passèrent devant eux en courant, rigolant et jouant à chat, ne réalisant pas l'ampleur des dégâts, le fait que leur maison soit détruite ou encore que leur famille avait peut-être péri dans les flammes. Ils étaient innocents, libres de toute négativité, et leur bonheur se reflétait sur le campement comme le soleil sur une eau limpide.

Ryan songea à sa propre famille. Ses parents décédés alors qu'il n'était encore qu'un adolescent. Son père avait voué son existence entière à divertir les autres grâce à ses chansons et sa mère, une simple tenancière de bar, qui ne semblait jamais ressentir la moindre inquiétude face aux embûches qui parsemaient sa route. Son frère, Jaime, était beaucoup plus sérieux et studieux que lui ━ tout de suite, il préféra faire ses études et devenir médecin. Toute sa vie, il avait rêvé de parcourir le monde, d'affronter les meilleurs et de devenir plus fort.

Et aujourd'hui, il se tenait debout dans ce camp, regardant des enfants qui jouaient ensemble et qui n'étaient même pas de la même famille. « As-tu parfois l'impression que ta vie n'est qu'un lointain souvenir ? »

Qu'est-ce qu'il voulait dire? Ma parole, ce garçon était vraiment pas très brillant, pensa Asmodée dans un long soupire avant de chasser le sujet d'un geste impatient de la main. Jamais il ne parlait ou ne laissait voir une once de faiblesse, mais en cet instant, il venait de le faire et ce n'était pas ce qu'il voulait. Tout ce qu'il disait, c'est que mourir ici ou demain, personne ne réclamerait son corps ou ses effets. Que vivant ou mort, sa vie n'était rien face à celle de Ryan, qui lui se battait pour les autres et pour les gens qu'il aimait.
Lui, simplement par pure égoïste et parce qu'il avait soudainement envie de défouler sa colère, il allait combattre. Il ne protégerait pas. Car si jamais une personne venait à mourir sans qu'il n'ai le temps de faire un geste, ça ne serait pas son problème et il n'en serait pas plus triste.

Ce n'était ni un combattant. Ni un garde royal. Ni un guerrier ou encore un glorieux. Il n'était que lui-même, cette boule de haine, de jalousie, de colère, de luxure, de gourmandise. Asmodée n'avait rien, ni personne de son côté, alors autant survivre à sa manière.
Il jalousait ces enfants qui couraient en ce moment autour d'eux, insouciants et innocents. Il jalousait le fait que Ryan puisse avoir des ami(e)s qui s'en faisait surement pour lui et qui sait, même une copine qui l'attendait quelque part. Bref.

La colère montait en lui et Asmodée chassa cette pensée, mais elle revint avec la question du garde. Il posa son regard sur Ryan et fronça les sourcils.

› Ma vie n'est rien de moins que le néant.

Ryan écouta sa réponse en considérant que celle-ci était, somme toute, assez désolante. Il observa un instant Asmodée dont les yeux écarlates reflétaient tel des rubis bouillants la lueur du soleil du désert. À force de fixer ce regard, il commença à observer les moindres traits du visage, tendant la main pour repousser l'une des longues mèches de cheveux noirs qui dissimulait un peu son visage. Derrière ces quelques mèches, il y avait un nez retroussé, une ligne de mâchoire parfaite et une bouche qui semblait constamment déformée par des émotions évasives.

Autour du cou gracile du jeune homme, il y avait un lourd collier d'or dont les anneaux formaient un dôme qui avait sans doute son utilité lors des combats : difficile de se jeter sur la gorge de quelqu'un qui portait un tel bijou. Ryan ne se rendit pas compte qu'il s'était rapproché de son interlocuteur sans vraiment se soucier d'avoir envahi de moitié son espace vital. Ses doigts qui retenaient un peu ces mèches frivoles se posèrent sur le sommet du crâne d'Asmodée.

« J'aimerais être en mesure de remplir ce vide ... »
Voir quelqu'un dans cet état émotionnel lui faisait plus de peine que quiconque pouvait l'imaginer. Toutefois, c'était comme une énigme et Ryan n'arrivait pas à en saisir la réponse. Asmodée était compliqué, dangereux et particulièrement capricieux. C'était comme goûter un poison du bout des lèvres dans l'espoir d'y être invincible. Les doigts de Ryan parcoururent à nouveau le côté du visage, lui effleurant la joue du bout des doigts et lui soulevant à peine la mâchoire, ne le quittant toujours pas des yeux.

Il aurait pu dire quelque chose : garnir Asmodée de paroles creuses, mais ce jeune homme aspirait à la pure et simple vérité. Ryan ne savait ni charmer, ni rendre heureux qui que ce soit et l'avait prouvé par le passé. C'était difficile pour lui. Il avait tant perdu et ses échecs avaient toujours un rapport intrinsèque avec l'amour. Allez savoir.
Peut-être qu'un homme brutal, sauvage, qui n'aspire qu'à se battre. Un dieu guerrier, un brave soldat, n'attire ━ au final ━ que la sauvagerie elle-même.

Après une révélation choc comme la sienne, Asmodée s'attendait à une phrase toute faite. Quelque chose qui ressemblait à 'Ne dit pas ce genre de chose, ta vie n'est pas néant', puisque c'était toujours ce qu'on lui répondait, avec croyance et vision persuasif. Mais ce ne fut pas le cas avec ce garçon. Dans un mutisme impressionnant, Ryan s'approchait de lui, sans violence, sans méfiance. C'était à croire qu'il étudiait son corps, son visage, ses cheveux. En ce moment, Asmodée avait cette réel impression qu'on le regardait pour une fois. Qu'on le voyait, qu'il n'était plus cet être invisible que tous s'acharnait à ne pas voir, même quand les regards se croisaient. Il avait cette sensation profonde, qu'il pouvait lire tout au fond de son âme.

Étrange, terrifiant et poignant à la fois. Il sentait les doigts qui lui parcourait les cheveux, le crâne, la mâchoire et finalement sous son menton. Il releva le visage d'ailleurs sous ce geste calme et précis du garde royal. En ce moment et dans sa manière farouche de faire valoir son point, Asmodée aurait facilement put repousser le garçon, mais étant beaucoup trop troublé par les paroles de celui-ci, il ne fit rien.

Il aimerait être en mesure de remplir ce vide.
Était-ce vrai ?

Jamais personne n'avait évoqué, ne serais-ce que la possibilité, de peut-être tenter de remplir ce vide. Les humains prenait de lui ce qu'ils désiraient le plus et le jetait à la rue une fois servit. C'était toujours ainsi et Asmodée n'en retirait que des billets d'argent afin de vivre une vie vide. Mais ce garçon, il y avait quelque chose d'envoutant dans son regard, de sincère dans ses paroles et d'honnête dans ses gestes.

Était-ce un piège ? Asmodée méprisait le sentiment de peur qui venait toujours troublé les bons sentiments qui commençait à naitre tout au fond de lui. Et si Ryan se jouait de lui, si Ryan cherchait simplement à prouver, comme il l'avait dit plus tôt, qu'il n'était pas si malveillant qu'il ne le pensait. Et si. Certes, les si dominerait le monde s'il était possible d'avoir ce qu'on désirait avec eux.
Sans avoir le contrôle de son corps, il ferma les yeux sous une caresse, tel un chat qui avait droit à l'amour pour la première fois dans une journée sans câlin. Son corps réagissait avant son esprit, puisque sa tête se frottant un peu plus contre cette main.

Il n'avait jamais eut droit à la tendresse. Il n'avait jamais connu la reconnaissance. Il n'avait jamais eut droit à des paroles aussi vrai et profonde. Asmodée n'avait toujours eut que le méprit et la haine des hommes, crachant sur lui lorsqu'il n'était qu'un enfant et le baisant maintenant qu'il avait un corps adulte. À chaque fois, qu'un rayon de lumière venait à faire briller son coeur meurtrie, les ténèbres revenait à une vitesse folle, le ramenant à sa juste place ...

Doucement, sa salive fut avalé et il réouvrit les yeux en regardant Ryan. Un regard plus criant de tristesse qu'avant et semblant aussi perdu que le garde royal lorsqu'il arrivait dans une nouvelle ville. Asmodée ne réalisa qu'à cet instant ce moment de faiblesse et par panique, il recula d'un pas vivement. Comme un chaton qui craignait un coup de bâton.

C'était comme s'il n'y avait aucun mot pour définir ce qui se passait entre-eux : Ryan sentit qu'Asmodée appréciait leur proximité et qu'elle n'était pas source de malaise pour lui. Toutefois, quand il s'écarta comme si on l'avait frappé, Ryan lui-même afficha un air confus. Il observa un instant le jeune homme sans savoir quoi dire. Puis, doucement, il revint lui caresser la joue, faisant fi de la peur qui se lisait dans ses yeux. Ryan finit par tourner la tête vers l'entrée du campement d'où l'on entendait un certain brouhaha. Une nouvelle bande était parvenue jusqu'à eux afin de manger et de se reposer.

Ryan fronça un peu les sourcils.
« Attends-moi ici, une seconde ... » fit-il à l'intention d'Asmodée. Puis, il se dirigea vers d'autres gardes et leur demanda s'ils avaient reçu des ordres de Nevaeh ou d'Art. Ils répondirent qu'ils n'avaient aucune nouvelle d'eux. Le jeune chevalier sembla plutôt mécontent d'entendre ça et revint vers Asmodée tout de suite après. Il semblait tout de même un peu préoccupé.

« À ton avis ... » débuta-t-il en semblant hésiter un peu. C'est que le séduisant membre de la communauté de Suryana semblait déduire facilement ce à quoi pensait Hadès ou, du moins, anticiper ses prochains mouvements. « Est-ce qu'on ne devrait pas guider tout le monde hors du désert ? »

Asmodée s'attendait à ce qu'il change brusquement et détourne son attention vers autre chose. Hélas - ou heureusement - ce ne fut pas le cas et Ryan revint vers lui afin de lui effleurer de nouveau la joue. Étrange sensation qui naissait au niveau de son coeur et de son bas ventre. Cela n'avait rien avoir avec l'envie de sexe qu'il ressentait avant chaque baise. Cela n'avait rien avoir avec un caprice débile lorsqu'il voyait un homme qui lui plaisait. C'était tout autre. Un sentiment nouveau qu'il ne comprenait pas.

Ce simple geste au niveau de sa joue, le baigna dans une chaleur, comme lorsqu'on s'installa dans un bain chaud après une journée glacial et qui nous détends le corps. Un sentiment de sécurité et d'importance pour une autre personne que soi-même. Il ignorait pourquoi, mais ce garçon, savait comment s'y prendre afin qu'il n'ai plus cette haine et rancœur au niveau du coeur.

Mais comme toute bonne chose possède une fin, Ryan lui demanda de l'attendre ici et alla vers des gardes qui entrait dans le campement. Déstabilisé durant un moment, Asmodée tourna la tête vers l'énorme dragon qui reculait la tête, celle-ci vers le ciel avant de cracher une nouvelle boule de feu qui fit exploser une tour du château d'Emyr. Un fin sourire apparut sur le visage d'Asmo', le roi du pouvoir n'apprécierait pas que ce dragon s'en prenne à sa grandeur.

Son attention se posa à nouveau sur Ryan alors que celui-ci semblait hésitant, mais la question qui franchit ses lèvres le surprit. Est-ce qu'il lui demandait son avis ? Asmodée, enfant du néant, caprice des dieux et combattant de la haine, venait de se faire poser une question d'ordre stratégique et Asmodée s'humecta les lèvres en regardant l'endroit où le dragon était quelques minutes plus tôt.

› Je ne te cacherais pas la vérité, puisque j'estime que tu es une personne ayant des valeurs différente des autres humains. Débuta-t-il en serrant les poings et baissant la tête en observant un scorpion qui marchait sur le sable, passant sur le dessus de son pied nu et poursuivit.

› Vous êtes tous ici. Vous, les combattants les plus fort et les plus redoutable. Si votre présence en se lieu est puissante, qu'en est-il de votre citadelle?

Asmodée posa enfin son regard sur Ryan.

› Suryana, n'était qu'une diversion.

Ryan attendit avec une certaine soif la réponse d'Asmodée. Si le jeune homme estimait que Ryan n'était pas comme les autres, Ryan voyait en ce jeune homme si dangereux un allié précieux. De ce fait, quand il évoqua la possibilité ━ si ce n'est la certitude d'une diversion alors le garde royal sentit son coeur rater un battement. Bien entendu, son tout premier réflexe fut de regarder le palais au loin qui était assaillit par le dragon. Puis, il posa son regard sur le jeune citadin et lui dit : « Que cherche-t-il à la Citadelle ? »

En prononçant ces mots, Ryan se mit lui-même à réfléchir à une réponse. Peut-être étais-ce pour détruire l'endroit que Artemis, son fils, considérait comme sa maison ? Peut-être étais-ce pour mettre la main sur la capitale du monde et sa toute puissance ? Peut-être étais-ce simplement pour s'amuser ou se moquer d'Emyr en lui montrant qu'il n'était pas le centre de l'univers ? Ryan n'arrivait pas à se fixer sur une seule et unique hypothèse. Dans la foulée, il lâcha un juron, se tenant le visage un instant, commençant à faire les cents pas.

Il était assez rare qu'il perde son sang-froid, mais l'idée horrible qu'ils se soient ainsi faits berner le remplissait d'un sentiment indescriptible. De plus, il savait en son for intérieur que le risque qu'Artemis découvre cela et se fâche était aussi énorme ━ alors peut-être auraient-ils droit à une autre scène aussi fatale que celle des murailles ? Il avala lentement sa salive. « Je dois les prévenir ... » murmura-t-il, le regard fixé vers le ciel comme si quelqu'un, quelque part, pouvait entendre ses prières.

Que convoitait Hadès à la Citadelle ? Qu'est-ce qu'il y avait là-bas, qui poussait l'homme des enfers à vouloir attaquer ce lieu ? Asmodée observait Ryan qui cherchait des réponses, mais qui terminait avec encore plus de question. Difficile de savoir ce que désirait le dieu de la mort. Des rumeurs allait bon train en disant qu'il n'y avait pas que son héritier qu'il avait perdu. D'autres disaient que ce n'était que pour montrer qu'il existait toujours, puisque ses frères et soeurs avaient longuement ignorer sa présence. Où était la vérité dans tout ça.

Asmodée observa le jeune homme qui faisait les cents pas et s'arrêtait finalement en disant devoir prévenir les autres. Certes, c'était potentiellement la chose à faire, mais ils n'étaient certains de rien et prévenir les gardes d'une attaque possible, serait créer une panique chez certains dont les familles étaient en sécurité à leurs yeux.
Un agacement apparut sur son visage, quand il réalisa que Ryan observait le ciel, comme si quelqu'un de supérieur allait lui offrir une réponse.

Dans un grognement, il lui donna une baffe derrière la tête et posa les main contre ses hanches, ne détournant aucunement le regard du jeune homme.

› Personne ne te viendra en aide, alors ne fixe pas le ciel de façon abruti. Dit-il froidement pour finalement soupirer en croisant les bras contre la poitrine. Ce n'est qu'une possibilité. Peut-être que ce n'est réellement qu'une pause et que d'autres ennemis apparaîtrons ici. Et si jamais c'est la citadelle qu'il vise, prévenir les autres ne ferait que créer un vent de panique.

Asmodée l'observa attentivement et s'approcha de lui.

› Il n'y a qu'une façon de le savoir.

Dans un mouvement rapide, il lui saisit le poignet et dans un claquement de fouet et usant de son don, Ryan et lui se retrouvèrent devant les portes de la citadelle, là ou quelques gardes sursautèrent en les voyant sortir de nulle part, comme par ... magie.

› Maintenant, tais toi et attends.

Ryan sursauta quand il se prit une baffe à l'arrière de la tête. Il ne l'avait pas du tout vue venir, celle-là. Il se tourna vers Asmodée qui se permit de lui faire remarquer que de fixer le ciel ne lui apporterait aucune aide. Puis, le jeune homme lui rappela que ce n'était qu'une hypothèse et qu'il serait facile de créer la panique en prévenant les autres trop rapidement. Bien sûr, le chevalier était tout à fait conscient qu'Asmodée avait raison. Il ne pouvait pas se permettre de créer un vent de panique alors que tout le monde se remettait à peine d'un terrible affrontement.

Lorsque le jeune homme s'approcha de lui, Ryan sembla tout à coup partagé entre la curiosité et la surprise, et son visage ne changea pas d'expression lorsque Asmodée lui eut saisit le poignet dans un claquement sonore. Quand il osa ouvrir les yeux, il réalisa qu'ils se trouvaient aux portes de la Citadelle et que certains gardes venaient de sursauter en les voyant apparaître de nul part. « Pardon ? » lâcha-t-il, de façon spontanée, quand Asmodée lui dit de se taire et d'attendre. Le poignet toujours enserré dans la main du ténébreux jeune homme, Ryan avait l'air d'un parfait abruti et se sentit comme s'il attendait le train ou quelque chose dans le genre.

Quand Ryan lui répondit avec un "pardon", Asmodée pencha un peu la tête vers l'arrière en observant le garçon aux cheveux gris. C'était facile de voir qu'il n'avait rien comprit de ce qu'il venait de se produire, tout comme les gardes derrières eux qui semblaient perplexe. Asmodée soupira un bref instant en croisant les bras derrière la tête, étirant son corps le plus possible en étant maintenant sur la pointe des pieds et bailla en allant finalement s'asseoir en tailleur sur l'un des gros rocher devant les grandes portes.

› Ne me remercie pas, hein.

C'était dit avce une pointe d'ironie. Franchement, il n'avait pas besoin de remerciement, lui-même ne comprenait pas pourquoi il avait porté un tel geste en faveur de ce soldat royal. Dans tous les cas, il soupira de nouveau en voyant qu'il ne changeait pas d'expression et lui expliqua plus 'clairement' la situation.

› Mon pouvoir est vaste. Je peux faire à peu près tout ce que je veux dans une certaine mesure. Comme là, nous avons été téléporté à la citadelle.

Il haussa les épaules.

› Je ne peux le faire que si je connais l'endroit et si je le visualise dans ma tête. Je ne peux pas me rendre dans un lieu inconnu... Ce qui est dommage parfois.

Asmodée posa son regard sur les gardes puis Ryan, pour finalement ressentir un frisson. Il tourna le corps vers le paysage derrière lui et réalisa ainsi une chose.

› Nous avons de la visite ...

Il était encore loin, mais il pouvait sentir une certaine connexion avec la créature mythique qui était au chemin du dôme. Le dragon était en route, ce qui n'avait rien de bon, surtout pas pour les citadins. Asmo tourna la tête vers Ryan en semblant curieux de voir comment il réagirait.

Une fois le choc passé, Ryan compris qu'ils avaient été téléportés jusqu'à la Citadelle. C'était quelque chose qu'il n'avait encore jamais eu l'occasion de vivre. Son expression, de prime abord assez stupide, se changea en un sérieux monstre lorsque Asmodée lui fit savoir qu'ils avaient de la visite. Ryan tourna la tête vers le panorama et remarqua la présence d'une ombre dans le ciel : elle était encore lointaine, mais il reconnaissait là la silhouette du dragon qui avait attaqué le Désert Rouge. Il ne s'agissait certainement pas d'un banal oiseau.

« Il faut se débarrasser de lui ... » fit-il remarquer avec une certaine forme d'inquiétude dans la voix. Le soldat se retourna et s'adressa à l'un des gardes aux portes de la ville. Bien qu'il ne soit pas Artemis, Ryan avait toutes les qualifications requises pour créer chez ses comparses une certaine forme d'autorité.

« Il faut aller chercher Erwan immédiatement. C'est une extrême urgence. La Citadelle est en danger. Bougez-vous le cul ! » conclut-il en perdant un peu patience. C'est qu'il n'avait pas envie d'assister à un autre massacre aujourd'hui. Elwood tout entier pouvait perdre beaucoup de cette attaque surprise. Lorsque le garde ━ un peu secoué de s'être fait crier dessus ━ fut parti chercher le dieu du courage alors Ryan se tourna vers Asmodée.

« Je te dois beaucoup pour ce que tu as fais. » lui confia-t-il avec sincérité. Ils avaient une longueur d'avance ━ petite, mais réelle. Et tout cela c'était grâce à ce jeune homme venu d'ailleurs et qui, pourtant, faisait preuve d'un pessimisme incroyable en toutes circonstances. « Rentrons à l'intérieur. » proposa-t-il, au final, en passant les portes. Une fois de l'autre côté des grands murs protecteurs de la Citadelle, Ryan emprunta un escalier pour monter l'une des tours de garde. Ce n'est qu'une fois devant les ouvertures dans la tour qu'il se pencha pour activer le mécanisme d'une arbalète géante. Il comptait tirer une lance de fer immense sur le dragon pour le faire tomber et l'empêcher de passer les murs de la forteresse. « Je ne peux pas l'atteindre avec mes pouvoirs. Ils me sont inutiles ... » marmonna-t-il avec une certaine frustration.

Déjà, les gardes commençaient à courir dans tous les sens, venant de réaliser que le dragon était bel et bien visible à l'horizon.

Maintenant debout, observant l'horizon en voyant la silhouette du dragon qui devenait plus grande, Asmodée fronça les sourcils quant aux paroles de Ryan. Lentement, dans un geste qui se voulait incertain d'abord, il posa le regard sur ce jeune homme. Comment est-ce qu'ils pouvaient faire un tel exploit. Il s'agissait d'un dragon, pas d'un chien qu'on pouvait botter au loin ... Un dragon, ce n'était pas une créature que l'ont se débarrassait en claquant des doigts. Même avec sa magie, il n'était aucunement certain d'en être capable, alors franchement, son regard devint plus ironique.

› Et dis moi, grand chef soldat, tu comptes le faire comment ? En lui chantant une berceuse ?

L'ironie dans le timbre de sa voix était à peine subtile. Asmodée avait toujours été ainsi, capable de faire comprendre comment il pensait ou ce qu'il ressentait sur le coup, mais là franchement. Ryan abusait. Artemis et Nevaeh n'auraient probablement pas de chance face à cet chose et eux ? Ha ha.
Dès qu'il entendit le second d'Artemis hurler sur le pauvre garde royal, Asmo' en semblant surprit. Il était donc possible que ce garçon s'emporte ? Intéressant. Sauf que l'idée de voir le dieu du courage ne l'enchantait pas autant que cela. Dans une grimace, il accepta les remerciements du jeune homme et soupira en le suivant.

› Tu as bien raison et je compte bien me faire payer. Admit-il avec un petit sourire en coin.

Il avait déjà son idée derrière la tête, mais pour l'instant il gardait ce détail pour lui-même. Une fois à l'intérieur de la citadelle, le jeune homme observa l'endroit en se sentant réellement pas à sa place. C'était lumineux, c'était pure, c'était propre ... Ici, il n'y avait rien de vice ou de sale, rien de luxure ou de colère. C'était une cité parfaite, voir même trop à son goût et franchement, il avait cette impression de brûlure contre sa peau, comme si toute cette lumière l'affectait réellement. Nevaeh avait sûrement protéger sa cité avec un sors puissant, un sort qui empêchait les ténèbres d'être présent ici trop longtemps...

Il posa son regard sur le corps de Ryan, celui-ci se démenant pour faire tourner un arbalète énorme. Cette fois, la surprise pu se lire sur son visage.

› Sérieusement....?

Alors là, en effet.
Ils avaient une chance.
Asmodée tourna la tête vers la créature qui s'approchait toujours et eut un petit sourire en coin. Eh ben, eh ben... Il avait hâte de voir la suite.

Bien sûr, il aurait pu lui chanter une berceuse. Mais il doutait que l'animal lui aurait laissé le temps de finir cette berceuse avant de, brutalement, le mettre hors d'état de nuire. Alors Ryan avait choisit de suivre le protocole qui avait été élaboré par Erwan lorsque, il y a des années de cela, un mammouth démesuré avait tenté de s'en prendre à la capitale d'un coup de défenses. Depuis ce temps, cette arme qui avait mit à terre le monstre ━ une arbalète qui avait été fabriquée avec du fer magique ━ était demeurée bien en place dans l'une des tours de la Citadelle.

Bien entendu, personne n'avait eu à s'en servir. Personne jusqu'à aujourd'hui. Asmodée paru intéressé par ce qui se passait seulement lorsqu'il remarqua l'arme et comprit ce que Ryan avait l'intention de faire. Avant de commencer à viser, le jeune garde royal tourna la tête vers lui. « Je n'ai aucune idée de ce qui va se passer si jamais ça ne fonctionne pas. » admit-il en semblant réellement s'en faire pour les citoyens de la ville. Cette inquiétude au fond de son regard était à peine dissimulée.

Il avala lentement sa salive et reporta son attention sur le dragon qui volait toujours avec grâce en direction de la Citadelle. « J'arrive pas à croire qu'il faut que j'abatte une merveille pareille ... » Tous connaissaient les mythes d'Elysian et le fait que la majorité des dragons avaient été exterminés à cause de la bêtise humaine. Il prit, malgré tout, une profonde inspiration et visa du mieux qu'il le pouvait le dragon.

Il tendit la main et appuya sur un autre mécanisme qui ressemblait à un levier de métal. Une fois qu'il aurait entendu le déclic alors la lance filerait directement dans le ciel en direction de leur plus grande menace à ce jour. Ryan fit de son mieux pour calculer la trajectoire du vent et s'assurer de tirer au devant du dragon parce que celui-ci volait toujours en leur direction. Il fallait que le timing soit parfait ... « C'est la chose la plus dingue qui me soit jamais arrivé ... » fit-il remarquer, déglutissant, avant d'actionner le mécanisme.

La lance fut alors propulsée dans le ciel à toute vitesse.
Tout droit vers la bestiole planant librement au-dessus du monde.

Asmodée croisa les bras en écoutant les paroles d'inquiétude, du jeune homme. Qu'un garde royal soit aussi mal à l'aise face à une telle situation, rendait la chose intéressante, d'autant plus qu'il avait un grade plus élevé que les autres. Asmo pouvait voir les gardes un peu en retrait, avoir une grande admiration pour celui-ci, ce qui poussa le jeune magicien à lever les yeux vers le ciel.
Ryan fit savoir qu'il ignorait ce qui adviendrait de la citadelle si jamais il ratait son coup et Asmo n'eut aucunement l'envie de le rassurer. En fait, ce n'était pas par égoïsme, mais surtout parce qu'il ignorait quoi lui dire.

Jamais il n'avait été dans une telle situation et jamais personne n'avait eut besoin de mot sympa de sa part, alors il garda le silence en observant la suite des événements. Il était d'accord avec Ryan cependant, tuer une créature aussi magnifique et mythe, relevait d'un crime majeur. Personne ne savait combien il restait de ses créatures dans le monde et il y avait de forte chance que celui-ci soit le dernier de son espèce, mais s'ils voulaient réellement survivre ...

Asmo ne broncha pas lorsque la lance fila finalement dans un claquement mécanique assez puissant. Son regard s'éprit pour la trajectoire et durant un instant, il cru presque que c'était chose possible. Hélas, la vie était une chienne.

› Oops. Fit-il simplement en observant Ryan d'un petit sourire en coin, mais l'expression sur le visage de celui-ci agaça énormément Asmodée.

En fait, l'idée de voir Ryan aussi paniqué, mal à l'aise, incertain, inquiet, ... Lui donnait envie de mordre dans quelque chose. Alors dans un soupire, il tira sur l'un de ses bracelet qui se matérialisa en baguette ... C'était avec celle-ci qu'il usait de sa magie la plus forte et la plus impressionnante.

D'abord, dans un mouvement de sa main gauche, il changea la direction de cette lance, celle-ci suivait maintenant le dragon, rendant la trajectoire de celui-ci moins certaine. Le jeune homme tourna la tête vers Ryan et s'en approcha en lui choppant le haut de la chemise, il l'attira vers lui et effleura ses lèvres des siennes dans une phrase murmuré.

› Ce que je fais, je le fais uniquement pour ton cul. Alors ne va pas croire que tu vas te débarrasser de moi après ça. Tu me dois beaucoup..

Il le regarda droit dans les yeux et le relâcha finalement en quittant le sol. Alors qu'il lévitait à quelques mètres au-dessus d'eux, il fronça les sourcils en brandissant cette baguette d'or dont un rubis scintillait. Là cristallisation qui en suivit fut impressionnante, puisque des milliers de cristaux aussi gros que des rochers volait autour d'Asmodée. Dans la concentration, il attendit le meilleur moment pour projetait ceux-ci vers le dragon dans l'espoir de l'atteindre et l'assommer, dans l'autre cas, tout comme la lance qui poursuivait toujours l'animal, cela le ralentirait peut-être jusqu'à l'arriver d'Erwan.

Certes, il y avait une chance qu'il n'arrive pas à abattre le dragon, et cette chance il y avait vraiment pensé. Sauf qu'il aurait préféré ne pas avoir à le vivre : malgré tout, comme l'on ne fait pas ce que l'on veut dans la vie, c'est avec une expression sinistre que Ryan accueillit son échec. Un échec qui fut de courte durée lorsque Asmodée se mit de la partie. Il se rapprocha de lui et lui murmura des choses qui paraissaient tout de même assez intrigantes. Il n'eut pas vraiment le temps de répondre quoi que ce soit puisque le jeune homme s'était mis à léviter et se chargeait de matérialiser des cristaux qui tournoyaient et virevoltaient autour de lui avec une puissance impressionnante. Ryan eut à peine le temps de contempler la scène que déjà ces armes volantes filaient vers le dragon et s'enfonçaient dans sa chair avec une brutalité et une violence qui percutèrent autant le garde royal de plein fouet. Le dragon lâcha une dernière plainte de souffrance et s'effondra sur le sol devant les portes de la Citadelle.

La terre trembla, réveillant et troublant sans doute de nombreux citoyens de la ville, et puis le silence emplit le territoire. Ryan demeura un moment dans sa tour, bouche-bée, avant de descendre quatre-à-quatre les marches pour enfin rejoindre la terre ferme. Ce n'était pas très prudent, mais il s'efforça de s'approcher du dragon afin de vérifier son état. Celui-ci ne semblait ni respirer, ni être en mesure de bouger. Il observa le sang qui jaillissait de son corps blessé et tourna la tête en direction d'Asmodée.

Asmodée qui venait de sauver des milliers de gens.
« Ce que tu as fais ... c'est incroyable. » fit-il remarquer avec une certaine forme de surprise dans le regard et dans la voix. Il ne pouvait s'agir d'un simple être humain venant d'un patelin désertique et qui passait le plus clair de son temps à déprécier l'humanité. Il y avait une puissance en lui que Ryan ne saisissait pas bien. De nombreux gardes vinrent rejoindre Ryan en lui demandant s'il allait bien et en s'exclamant devant le cadavre du dragon. Puis, de nombreux regards curieux se posèrent sur Asmodée ━ certains expliquèrent que c'était lui qui avait mit le dragon à terre et tous semblèrent à la fois impressionnés et terrifiés par ce jeune homme à la longue tignasse sombre.

« Merci ... » articula Ryan avec un sourire, continuant de regarder Asmodée.
Enfin, l'espoir était revenu.